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  • Photo du rédacteurConstance S.

Rendez-vous manqué

22 h 45. Cela faisait plus de deux heures que Marc swipait les profils de jeunes femmes sur l’application de rencontre qu’il venait de télécharger. Concentré sur son écran, il étudiait attentivement les descriptions que l’algorithme lui proposait. Trop de filtres, pas assez de photos, beaucoup trop loin, pas assez grande, trop de fautes… Aucune femme ne semblait trouver grâce à ses yeux. Ses chances de tomber sur l’élue de son cœur ce soir rétrécissaient comme une peau de chagrin. Découragé par cet insuccès, il était sur le point de fermer l’application, quand tout à coup, une notification attira son attention. Élise venait de matcher avec lui.

Le cœur battant, il cliqua sur le profil de la mystérieuse inconnue. Ses yeux balayèrent en quelques secondes la description de la jeune femme. En l’espace d’une dizaine de phrases et de cinq photos, il parut satisfait : il était prêt à engager la conversation.

Au fil des jours, Marc et Élise apprenaient à faire connaissance derrière leurs écrans. Passé le cap des banalités, leurs discussions dérivèrent sur des sujets plus sérieux. Cependant, son divorce l’ayant rendu méfiant, le trentenaire souhaitait prendre son temps, désireux de ne pas brûler les étapes.

Au bout de quelques semaines, l’évidence s’imposa dans l’esprit de Marc : il était prêt à rencontrer sa prétendante. Pour l’instant, il avait l’impression qu’elle remplissait tous les critères qu’il recherchait chez une partenaire. Ce premier rendez-vous allait-il être à la hauteur de ses espérances ?

Dans le taxi, le jeune homme consultait nerveusement son téléphone. L’excitation grandissait à chaque kilomètre qui le rapprochait de sa dulcinée. Vingt minutes plus tard, le chauffeur s’arrêta à l’adresse indiquée et Marc régla la course.

Lorsqu’il descendit du véhicule, il fronça les sourcils. La superbe maison de style victorien que lui avait décrite Élise semblait avoir été remplacée par une bâtisse délabrée à la façade défraîchie et fissurée et aux volets rongés par la rouille. Aux fenêtres, des rideaux déchirés et pâlis par l’usure se balançaient au gré des soupirs de la bise, dans un ballet silencieux.

Soudain, l’excitation retomba pour laisser place à l’indignation. Marc avait le sentiment de s’être fait berner. Des semaines durant, il avait cru aux discours convaincants de sa soupirante. Il devait se rendre à l’implacable évidence : Élise s’était bien fichue de lui.

Sa colère se dissipa lorsqu’il entendit le portail en fer forgé grincer. Un homme à l’aspect inquiétant et au rictus sardonique se tenait devant lui.

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