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  • Photo du rédacteurConstance S.

A night with The Struts

Dernière mise à jour : 31 mai 2021

8 février 2015.

Quatre appels manqués d’Amandine sur mon portable. Intriguée par cet assaut de coups de fil répétés, je m’empare de mon portable pour la rappeler. À l'autre bout, la voix entrecoupée par l’émotion de ma meilleure amie me répond : « Les Struts passent au Show Case à Pau le 21 mars ! ! ! »

Incapable d’aligner deux mots cohérents, j’avais du mal à dissimuler mon excitation. Mon cerveau avait enregistré l’information principale et était incapable d'assimiler quoi que ce soit d'autre à présent.

Voilà presque un an que nous avions découvert ces jeunes prodiges britanniques. Presque une année que nous avions embarqué à bord de leur univers musical, nous imprégnant de leurs mélodies envoûtantes, bercées par la voix puissante de Luke Spiller, le leader charismatique du quatuor.

Nous avions raté l’opportunité de les voir se produire à Bordeaux l'été précédent, il était absolument hors de question que l'histoire se répète à nouveau.

Une semaine après, Amandine se charge des réservations afin que nous soyons sûres d'obtenir de bonnes places le jour J.

« The Struts, here we come ! ! ! »

Les semaines et les jours s'écoulent, chacune de nous cochant mentalement les cases d'un calendrier imaginaire, pensant inlassablement au nombre de jours qui nous séparaient de l’événement.

Le jour J avait sonné et nous avions passé une partie de l'après-midi à visionner leurs vidéos et à écouter leur album pour être au point au niveau des paroles. Lorsque nous arrivons dans la rue du Show Case vers 19 h 30, aucune de nous n’aurait pu un instant prévoir la tournure qu’allait prendre cette soirée. De trop nombreuses fois fantasmée, nous étions loin de nous douter que cette date allait rester gravée dans nos archives personnelles, en tant que l'une de nos meilleures soirées.

Alors que nous arrivons devant la salle de concert, je pousse ma meilleure amie du coude : je venais d'apercevoir le guitariste du groupe, Adam Slack, qui téléphonait devant l'entrée.

Ne nous souciant guère d'avoir marché pendant plus d’un quart d'heure sous une pluie battante qui avait déversé sur nous ses trombes d'eau, nous ouvrons la porte avec un large sourire. Ils étaient là, devant nous, pour de vrai !

Nous voilà pénétrant dans un bar vide à l'exception du patron, de son staff et … des STRUTS.

Luke Spiller (le chanteur), vêtu d'un pantalon noir qui moulait sa fine silhouette et d’un haut rouge pailleté, se dirigeait vers le bar tandis que Jed Elliott (le bassiste) et Gethin Davies (le batteur) étaient assis sur le canapé, autour de la table qui leur était réservée.

Le cœur battant et un sourire idiot aux lèvres, Amandine et moi avions du mal à contenir notre état d'excitation avancé, jubilant en notre for intérieur.

Désireuses de ne pas nous faire remarquer trop prématurément en jouant les groupies insupportables, nous nous dirigeons vers le patron de l'établissement qui nous conduit vers notre table. Devant nos yeux brillants par l'anticipation d'un imminent show à venir, nous jetons un regard à la scène qui était déjà prête. Les instruments étaient là : sur la gauche le matériel d'Adam, sur la droite, celui de Jed. Au milieu, devant la scène, le micro dans lequel ne tarderait pas à chanter Luke. Sous la bannière avec le logo du groupe, la batterie de Gethin n’attendait plus que son propriétaire.

Nous dégustons nos tapas et nos verres de vin en spéculant sur les prochaines heures à venir. Nous savions que nous allions passer une excellente soirée, mais étions bien loin d'anticiper la suite des événements…


What time is it in the world ? Show time !


Une fois notre repas terminé et voyant l'heure H approcher, Amandine et moi rassemblons nos affaires et nous dirigeons vers la scène afin de nous attribuer les meilleures places. Rien à voir avec la fois où je les avais vus en première partie des Rolling Stones. Nous étions tellement proches de la scène cette fois-ci, que nous pouvions voir les titres des chansons (griffonnés sur une feuille blanche) qu'ils allaient jouer pendant un peu plus d'une heure.

Au fur et à mesure que l'heure tournait, la salle se remplissait et la musique se faisait de plus en plus assourdissante, nous forçant à élever la voix pour communiquer. Au bout de minutes qui nous paraissent interminables, le patron vient les annoncer. Annonce acclamée par une salve d’applaudissements et les cris stridents des minettes en folie.

Annoncé pour 21 h 00, le groupe fait son apparition sur scène vers 22 h 00, au milieu d'une foule qui avait peine à contenir son agitation. Luke Spiller en tête, chacun des membres monte sur scène pour s'installer, sous les cris du public qui était venu très nombreux les acclamer.

Démarche féline et regard aguicheur (et viticole), le chanteur s'avance vers le devant de la scène et empoigne son micro de manière suggestive pour nous lancer :

« Bonsoir Pau/Paw/Pow (prononcé « Pou »), nous sommes the Strrrruts !» annonce-t-il avec un accent à dégrafer tous les soutiens-gorge de la salle. Cris hystériques en guise de réponse fusant de toute part.

Après avoir visionné maintes et maintes fois leurs vidéos sur YouTube, voilà que nous étions enfin en face d'eux, en chair et en os !

Le groupe lance les festivités avec Matter of time, devenu « Fatter with time » sur leur setlist.

Le concert avait à peine commencé qu’Amandine et moi étions déjà aphones.

Voilà qui promettait…

S’enchaînent Kiss this (devenu « Kiss ass »), She makes me feel (changé en « She makes me feel fat »), Put your money on me (« Put your money on brie », où Luke souhaitait voir une pluie d’euros et de fromage s'abattre sur lui), Rrrrroll up, Could have been me (« Could have been brie »), Get it on (une impressionnante reprise des T-Rex), Let’s make this happen, Where did she go et Rebel rebel (la célèbre reprise de David Bowie).

Dix chansons pendant lesquelles le groupe nous refait vivre avec brio les premières heures du « glam-rock » sous l’égide d'un Luke Spiller plus en forme que jamais. Nous imposant fièrement leur style particulier et dynamique, les Struts marchaient dans les sillons de la grande ère du rock’n’roll britannique. Il ne faisait plus l'ombre d'un doute que les quatre gars originaires de Derby étaient en route vers la gloire, suivant les traces des plus grands (influences évidentes des Stones, des Beatles, des T-Rex, de Queen). Jonglant habilement entre les divers costumes, tantôt d'un Mick Jagger, tantôt d'un Marc Bolan ou encore d'un Freddie Mercury, Luke Spiller montrait manifestement l'étendue de ses talents vocaux, se glissant dans la peau de ces icônes du rock, avec une infinie perfection.

Les Struts, c'était avant tout un look particulier : pantalons en cuir moulants sur des silhouettes longilignes et élancées, looks androgynes de jeunes à peine sortis de l'adolescence (le talent n'est pas soumis aux limites de l’âge), un fatras de cheveux longs emmêlés, maquillage et paillettes à outrance (quoique raisonnable ce soir-là), mais les Struts c’était aussi un rock mélodieux à la rythmique impeccable et aux harmonies efficaces : des solos de guitare aux distorsions nerveuses d'Adam Slack, de la rythmique implacable de Geth Davies qui ponctuait chaque chanson, à la ligne de basse indéfectible de Jed Elliott que venait compléter la voix puissante de Luke Spiller.

Nous étions vraiment en présence d'un groupe prometteur qui donnait de toute sa personne pour livrer un show endiablé à l'ensemble de la salle.

« It's a long way to the top if you wanna rock’n’roll », chantait un groupe australo-écossais bien connu, trois décennies auparavant.

Pas encore tout à fait au faîte de la gloire, mais une ascension déjà bien entamée pour ces jeunes talents !

Se déplaçant sur scène comme sur leur propre territoire, le quatuor nous montre que ce soir, ils sont venus pour nous en coller plein la vue et plein les oreilles. Un spectacle vivant qui comble de toute évidence tous nos sens avec une interaction sans précédent. Les quatre « Strutters » nous montrent avec une présence ostentatoire qu'ils en ont dans les tripes et le pantalon…

Luke et ses acolytes tiennent le public du Show Case dans la coupe de leur main. Le public (nous aux premières loges) est conquis et se plie avec docilité aux douces exhortations suaves du frontman. « Ça va mes bébés ? », « Are you ready to dance with me, my babies ? », « I want you to dance and get dirty tonight » …

AMEN !

Amandine et moi étions suspendues à ses moindres paroles que nous buvions avidement. En un claquement de doigt, il pouvait faire ce qu'il voulait.

Tel un chaman tout puissant, Luke imposait son style inimitable à l'ensemble de la foule qui lui répondait avec affolement doublé d'une hystérie, qui avait atteint un degré supérieur. Le public, vaincu, n'avait d'autre choix de se soumettre à chacune de ses exigences.

Nous leur appartenions pendant une heure et quart…


Let’s get « cheeky cheeky cheeky »


Une fois le show terminé, une pointe de tristesse nous envahit : le concert venait de prendre fin, les membres du groupe avaient déserté la scène, nous laissant un vague sentiment d’abandon, avec pour seul souvenir, le spectacle mémorable auquel on venait d'assister. Encore sous le coup de l'émotion et des décibels (qui nous avaient fait perdre 24 % de notre audition), nous nous dirigeons vers le bar. Luke Spiller, qui avait troqué sa tenue pailletée contre un haut aux motifs africains, était monté sur une table afin de se livrer à son petit business : la vente de t-shirts avec le logo du groupe.

Voulant tenir notre défi (à savoir faire signer l’album et prendre une photo avec le leader des Struts), nous nous approchons du bar. Luke était occupé à jouer les divas tandis qu'Amandine et moi, en retrait, attendons notre tour avant de pouvoir approcher le chanteur avec deux sourires timides affichés sur nos lèvres. D’un air quelque peu blasé (les coupables étant les nombreux verres descendus et la bouteille de Jack Daniels vidée sur scène), Luke Spiller se saisit du marqueur que lui tend Amandine pour apposer sa signature d'un geste vif. Une fois l'autographe sur l'album, nous en profitons pour lui demander de se joindre à nous le temps d'un cliché sur lequel se joint également Jed Elliott qui se trouvait juste à côté.

Une fois l'autographe et la photo en poche, Jed s'approche de nous pour s’excuser de ne pas avoir pu donner suite à notre requête : jouer le titre Black Swan sur scène. Cette banale excuse allait marquer ainsi les prémisses d'une soirée magistrale à venir. Après avoir commandé un verre de vin blanc, nous partons nous asseoir, un peu fatiguées après l’énergie dépensée à danser et chanter comme des hystériques. Nous prenons place sur deux chaises tout en observant d’un œil envieux les membres du groupe discuter avec d'autres fans venus les féliciter pour leur performance. Un peu déçues de ne pas pouvoir les approcher davantage, nous continuons à siroter notre verre. A ce stade de la soirée, nous ignorons que la suite allait prendre un plaisant tournant.

Du coin de l’œil, nous voyons Jed s'approcher à nouveau de nous. Il nous aborde en français avec son adorable accent : « Come on, make love to my ears » et entame la discussion avec nous. Il nous demande nos impressions sur leur prestation. En effet, Amandine et moi collées à la scène, avions gagné un certain capital sympathie auprès du groupe, en reprenant toutes leurs chansons en chœur, débutant le premier couplet de Roll up avant même que la chanson ne débute. Nos graffitis sur les mains (« Kiss this » / « The Struts » pour moi et « Black Swan » pour Amandine) n'avaient pas dû leur échapper. Nous nous rappelons des sourires qu’ils avaient esquissés lorsque nous avions abordé fièrement nos tatouages manuels.

Au fil de la conversation, il nous explique son projet futur de venir vivre en France pendant quelques mois pour apprendre la langue de Molière. Nous en profitons pour lui montrer sur Google des photos de Biarritz. Manifestement conquis, il sort son téléphone pour taper : « Biarritz, a place to go, with two beautiful french teachers ». Il nous montre fièrement l’étendue de ses talents linguistiques en lançant les quelques expressions espagnoles qu’il connaissait. Connaissances linguistiques qui avoisinaient les nôtres… Nous n'avions pas pratiqué la langue depuis une dizaine d'années ! Pendant que Jed continuait de parler en français (il venait de trouver les profs idéales), Gethin vient timidement se joindre à nous, un verre de Mojito à la main. Il venait de trouver le précieux allié qui allait nous aider à délier les langues et à tisser des liens pour la soirée. À son tour, il nous montre ses compétences linguistiques en clamant avec un accent à faire tomber les pantalons aux chevilles : « J'adore la France », « baguette », « ménage à quatre ». C'était très amusant de voir que nous arrivions à plaisanter d'une manière tout à fait naturelle, comme si nous nous connaissions depuis de longues années. Pendant la discussion, ils nous parlent de leurs goûts cinématographiques. Tous deux avaient vu La vie d’Adèle et avaient noté avec humour l'aspect crû du long-métrage. Ils s'étaient amusés à comptabiliser toutes les scènes de sexe du film. Pas moins de onze minutes de scènes explicites sur la relation saphique qui unissait les deux héroïnes du film qui se livraient aux plaisirs de la chair. Ils nous apprennent également que depuis qu’ils étaient sur leur tournée française, ils s'amusaient à regarder Friends en français.

Pendant que nous discutons cinématographie, Luke Spiller qui ne cessait de faire des allers-retours au comptoir du bar se prêtait à un jeu de photo. Planté sous un portrait géant d'une autre légende du rock – Keith Richards – , Luke fixait l'objectif tout en lui répondant par moues taquines et poses professionnelles.

Sur les chaises en face de nous, Adam discutait en compagnie de jeunes filles qui se livraient à des fantaisies capillaires sur sa petite personne.

Une fois son verre terminé, Amandine part au comptoir nous chercher deux verres supplémentaires afin d'étancher notre soif et d'accroître notre côté bilingue. Nous étions en compagnie de musiciens britanniques ET sexy (deux critères majeurs), il nous fallait davantage d'alcool pour nous enhardir et assurer auprès de ces jeunes hommes.

Nos deux compagnons de boissons nous quittent pour une séance photo collective avec les autres membres du groupe. Nous rigolons devant les poses de Luke Spiller qui semblait ravagé par les méfaits de l'alcool et avait peine à tenir sur ses deux jambes.

Alors que j'attendais le retour de ma meilleure amie et que Gethin ait essayé de me brouiller avec cette dernière en me faisant croire qu’elle était partie sans moi, (« You're very bad at lying ! », « I can guess your thoughts, cause I'm a mind reader »), nous poursuivons nos délires en leur compagnie.

C'était marrant de voir à quel point ces jeunes musiciens étaient non seulement talentueux, mais en plus ils étaient super faciles d'accès. Nous nous interrompons le temps d'une séance photos. Une avalanche de clichés où nous varions les positions. Nous nous autoproclamons officieusement, la « BFF team ».

Voyant que leurs camarades semblaient visiblement nous apprécier et que nous ne nous conduisions pas comme des boulets, Adam, Luke et Tommy Gent (manager/roadie/musicien ?) viennent nous tenir compagnie à leur tour. Nous voilà à présent seules au milieu du groupe.

Luke s'excuse de ne pas avoir joué notre chanson et remarque avec amusement que nous connaissions toutes leurs paroles par cœur. S'ensuit un concert improvisé avec les Struts où nous passons en revue Black Swan, You & I, Dirty Sexy Money, My machine, Kiss this. Les bras autour de nos épaules, Luke, malgré son état d'ébriété avancé, chantait d'une voix puissante tandis qu’Adam mimait ses propres solos de guitare. En l’espace d'une dizaine de minutes, un nouveau groupe était né. Nous étions prêts à partir sur les routes en tournée !

Après cet interlude musical, Adam vient s'asseoir avec nous à son tour en nous gratifiant toutes deux de « Je t'aime » avec son adorable accent, en nous pointant chacune du doigt. D’humeur tactile, il ne cessait de nous prendre par les épaules et de nous demander si nous voulions les suivre après la soirée.

Alors que je sors des toilettes, je suis interceptée par Geth qui m’attrape les mains pour me faire tournoyer et me rattrape d'un geste calculé dans ses bras, me faisant frôler le tour de reins.

Cela faisait presque deux heures que le show était terminé, que les membres du groupe s'étaient prêtés au jeu des autographes et des causeries creuses (avec des nanas qui parlaient aussi bien anglais que nous le russe) et que nous délirions avec eux. Entre reprises de Sheryl Crow avec Adam, compliments capillaires à l'intention d’Amandine par Luke (« Tu as les cheveux d'un ange »), cours de danses improvisés avec Gethin et Adam, câlins collectifs, grande enquête menée avec Jed pour rechercher ma boucle d’oreille orpheline, confessions d'anecdotes scéniques (l'histoire de la bosse qui ornait le front de Jed et l’histoire de Luke et la porte des toilettes), refus d'échanger mon pantalon avec celui de Luke, et leurs « cheeky cheeky cheeky » (dès qu'ils s'approchaient de nous et qui revenaient comme une litanie), la soirée avait selon nous, déjà atteint (et explosé) ses objectifs.

Nous restons jusqu'à la fermeture (cela faisait plus d'une heure qu'Adam nous disait que nous allions bientôt aller au Durango) à siroter des verres et à discuter avec d'autres personnes.

Puis, nous montons sur scène en compagnie de tous ceux qui étaient encore présents dans la salle du Show Case, le temps d'une photo collective avec le groupe.

Après avoir attendu Luke Spiller pendant de très longues minutes, (« Where the hell is Luke ? »), nous sortons devant le bar en compagnie de nos nouveaux compagnons d'un soir.

Nous nous sentions flattées d'avoir été les seules de la salle qu'ils aient choisies pour poursuivre la soirée en boîte.

Tout en attendant les autres membres, Adam et moi nous lançons dans une magnifique interprétation chorégraphiée de Uptown funk de Bruno Mars, aussitôt suivis par Luke et Gethin qui faisaient les chœurs. Après nous être promis de nous retrouver sur place, le groupe et leur manager partent au Durango, tandis que nous nous précipitons pour nous y rendre à pied. En temps normal, la pluie battante aurait constitué un facteur qui aurait suffi à en décourager plus d'un(e), mais la seule idée de passer le reste de la soirée en compagnie du reste du groupe, nous donnait des ailes !

La soirée prenait une allure onirique : nous avions l'impression d'évoluer au ralenti, comme dans un rêve. Même si nous avions voulu passer une bonne soirée, nous n'aurions jamais pu faire mieux. Tout s'était déroulé au-delà de nos espérances. Nous voulions profiter pleinement, au maximum de ces instants magiques ! ! !

Un peu angoissées à l’idée d'être refoulées à l'entrée du Durango, nous nous répandons en prières en tout genre afin que les dieux du dancefloor fassent preuve de clémence à notre égard.

Alors que nous faisons patiemment la queue pour les vestiaires, nous apercevons Luke Spiller accoudé au comptoir.

Ouf, c'est bon, ils étaient bel et bien au Durango !

Nous sommes étonnées de constater que la piste était presque déserte. Les gens étaient soit au bar, soit au fumoir, mais personne ne semblait avoir encore succombé au démon de la danse.

Avec une synchronisation et un timing parfait, nous entrons sur la piste au même moment où les premières notes de Slip (une des reprises du groupe) se font entendre. Aussi surpris que nous pussions l'être, le groupe vient nous rejoindre, chantant sur leurs propres voix. Nous sommes aussitôt rejointes par le groupe et le manager, Tommy Gent (« God, who the hell is Tommy ? »). Jed nous accueille, grand sourire aux lèvres, avec deux verres de rhum coca pour chacune de nous. Trop contentes de cette charmante attention, nous nous gardons de lui dire que nous n’affectionnions pas cette boisson. Joignant nos voix à celles des membres du groupe, nous poursuivons la soirée.

Au bout de deux heures, Adam qui ne tenait plus sur ses jambes (alcool, fatigue et danses répétées), prend congé de nous pour rentrer à l'hôtel. Il nous serre à plusieurs reprises dans ses bras et nous colle un smack à chacune avant de partir. Jed et Gethin qui étaient totalement dans l'ambiance se livraient à des solos épiques virtuels de guitare pendant la série de chansons qui défilaient. Les gens présents dans la boîte ne semblaient pas connaître le groupe et leurs regards ne cessaient de converger vers nous.

Nous passons le reste de la soirée à danser et nous époumoner sur la fabuleuse setlist de la boite, devenant des pros de air guitar, air drums et de blind-test, nous livrant à des chorés débiles (danser la Macarena sur Deliver des Babyshambles). Luke Spiller, dans un état second, se laissait porter par la musique, les yeux fermés. Ne se souciant guère des autres, il effectuait des pas de danse dignes de Michael Jackson, bouteille de scotch à la main qu’il nous faisait généreusement passer. Il semblait dans un état extatique, proche de la transe, savourant la musique qui passait et possédant la piste.

Oui, ce mec, même bourré, pouvait se vanter d'avoir la classe.

De ses pas de danses surréalistes sur We will rock you, à Beat it, en passant par 20th century boy, Luke évoluait sur la piste d'une manière qui ne passait pas inaperçue.

De temps en temps, il s'approchait de nous et venait se joindre à nos chorégraphies (un duo yeux dans les yeux sur Light my fire, avec une chorégraphie improvisée aux accents hispaniques).

Au cours de la soirée, le DJ passe deux autres chansons du groupe, (Could have been me et Kiss This) qui est presque étonné d'entendre leurs propres voix résonner à travers les enceintes. C'était tellement attendrissant de les entendre chanter sur leurs propres morceaux et de voir leurs visages ébahis en réalisant que c'était leurs propres chansons qui passaient...

Portable en main, Jed nous filme en train de nous époumoner sur leurs refrains avec ses acolytes.

Nous restons jusqu'à la fermeture de la boîte, à danser jusqu'au bout de la nuit en compagnie des Struts (à l'exception d’Adam). Lorsqu'ils rallument les lumières pour annoncer la fin de la soirée, la salle s'était considérablement vidée.

Nous savons que la soirée de rêve venait de s'achever.

Nous venions de perdre 68 % de notre audition et nos voix ressemblaient passablement à un savant mélange entre Jeanne Moreau, Patti Smith et Florence Foresti.

Avant de partir, Jed et Gethin nous serrent chaleureusement dans leurs bras avant de lancer un « Keep in touch » enjoué et Luke vient nous faire la bise en souriant.

La nuit inoubliable venait de s'achever, nous laissant un sentiment de joie indéfinissable. La soirée avait été un brillant succès à tous les niveaux et avait comblé nos attentes au-delà de nos espérances.

Une soirée improvisée parmi tant d'autres qui allait s'inscrire dans le top 5 de nos meilleures soirées.

Nous prenons le chemin du retour en repensant aux paroles d'une chanson d'une grande justesse de Jean-Louis Aubert : ce sont « ces petits riens qui font les grands moments » …



Crédits :


Source de la photo : issue du site wilfulpublicity.co.uk/

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